Au cœur de l'Amérique, les inondations submergent les agriculteurs
Déjà affectés par la guerre commerciale entre Washington et Pékin, les agriculteurs de l'Etat rural du Nebraska (centre) luttent depuis deux mois contre des inondations exceptionnelles, qui ont détruit des champs entiers, perturbé les moissons et retardent les semis.
D'Omaha, célèbre pour être la ville natale du milliardaire Warren Buffett, à la frontière nord avec l'Iowa, autre Etat du grenier agricole du pays, l'autoroute W275 traverse un paysage décimé.
Parmi les arbres terrassés et pieds de maïs envahis par les eaux, la boue s'est installée, et le sable a envahi certains champs. Les eaux des rivières, comme l'Elkhorn, sont encore à des niveaux anormalement élevés.
Il n'est pas rare de tomber sur un panneau "Road closed", annonçant qu'une route a été fermée parce qu'inondée au point de ressembler à un canal.
Des ponts, des barrages et des digues ont cédé sous la force des eaux de la rivière Missouri coupant l'accès à certaines localités et à de nombreux services et infrastructures publics.
Les appels d'agriculteurs désespérés ont doublé en un an sur la ligne rouge mise en place par l'association Interchurch Ministries Nebraska (IMN) pour leur apporter une aide psychologique.
Face à cette détresse, différentes aides ont été annoncées dont un étalement des échéances, le rééchelonnement de la durée des prêts, la possibilité de les renégocier et une diminution du taux d'emprunt...
Ces inondations tombent au moment où les revenus des agriculteurs sont en baisse, de l'ordre de 50% depuis 2013, tandis que leurs dettes ont augmenté d'un tiers atteignant des niveaux inédits depuis les années 80.
Cette précarisation, alimentée par une chute des prix des matières premières agricoles, est exacerbée par le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, destination clé pour les récoltes américaines.
"Nos produits sont les plus affectés par la guerre commerciale", souligne Sid Ready. Cela ne l'empêche pas d'applaudir le président Donald Trump qui veut rééquilibrer, selon lui, les échanges.
En attendant, les ventes de soja américain ont plongé de 75% en 2018 comparé à 2017, selon l'American Soybean Association (ASA).